Poules de réforme – Partie 2
Nathalie tient le compte Instagram My Backyard Paradise. Avec l’aide de son mari et de ses trois filles, elle s’occupe de sa « petite ferme de jardin » chez elle en Belgique. Les magnifiques photos qu’elle partage avec ses followers en témoignent : il s’agit bien d’un petit paradis. En juin 2018, elle décide d’agrandir sa ferme en y ajoutant trois poules de réforme, ces poules sauvées de justesse de l’abattoir. Suivez son aventure grâce au double album-photo qu’elle a tenu spécialement pour nous !
Découvrez la première partie de ses aventures ici.
Semaine 3
À ce stade, je donnais toujours aux poules de l’Alfamix (un mélange de graines, de granulés et d’amphipodes) et des granulés. Il était temps de les sevrer des granulés, la seule nourriture qu’elles aient connue avant qu’on ne les sauve. Pendant un mois, on a gardé seulement l’Alphamix, puis on les a nourri avec la même nourriture que nos autres poules. Elles ont également accès à un grand pré où elles peuvent trouver quelques friandises supplémentaires.
Il fallait aussi faire quelque chose pour leurs griffes. D’habitude, mieux vaut ne pas s’en occuper et laisser les poules se faire les griffes naturellement… Mais là, on devait retirer le purin qui s’était coincé dessous. On leur a trempé les pattes dans de l’eau tiède et on les a nettoyées. Ça nous a prit plus d’une demi-heure par poule. Nos canards sont venus nous donner un coup de main et en ont profité pour prendre un bain ! Après ça, on a donné une friandise aux poules pour les récompenser. C’est la saison des fraises, donc j’en ai coupé quelques unes en petits morceaux. Mon mari disait que nos nouvelles poules n’étaient pas encore capables de manger des fraises car elles n’étaient pas habituées à ce genre d’aliments, mais une fois coupées en petits morceaux, elles n’en n’ont fait qu’une bouchée. Petit à petit, on les a habitué à d’autres aliments. Nos poules ont toujours eu un bon apport en fruits et légumes, surtout avec les parties de légumes qu’on ne cuisine pas ou les restes des repas pour l’école de nos enfants… On préfère les donner aux poules plutôt que les mettre au compost.
On est passé à deux œufs par jour. Une des poules s’est brusquement arrêté de pondre, mais on ne lui en veut pas. C’est la nature, on doit faire avec et respecter son « choix ».
Cette semaine, elles ont connu leurs premières pluies. Par chance, ma fille prend extrêmement soin des poules et voulait s’assurer qu’elles soient bien abriter. Quand elle est allée vérifier si tout allait bien, elle les a trouvées dans l’enclos, immobiles et trempées. Elle aussi était trempée quand elle est revenue me voir. Elle me demande de mettre les poules dans l’Eglu, « sinon elles comprendront jamais, maman ! ». Nos enfants sont très impliqués et pensent que les poules pondeuses sont maltraitées par l’industrie. Ils me disent que la prochaine fois, on devrait en sauver une cinquantaine ! Pas sûre que nos voisins trouvent l’idée intéressante… Nos enfants doivent aussi comprendre que la nature a un rythme et que les poules pondent moins d’œufs en hiver, ce qui ne veut pas dire qu’elles doivent mourir pour autant ! On mangera moins d’œufs et on en mettra au congélateur pour pouvoir faire des gâteaux plus tard. En tout cas, on n’achètera pas d’œufs cet hiver !
Semaine 5
Nos poules commencent vraiment à nous reconnaître, elles savent désormais qu’on leur apporte des friandises. Il est temps de les présenter au reste de la famille ! Les autres poules n’ont pas pu se promener librement hors de leur enclos depuis qu’on a eu les poules de réforme car le risque qu’elles leur apportent des parasites était trop élevé. Elles ont enfin pu retrouver les plaisirs du jardin et étaient très curieuses de rencontrer leurs nouvelles amies aux plumes marron ! À l’inverse, ces dernières étaient peu confiantes et restaient groupées entre elles au milieu de leur enclos. On a passé la semaine à faire en sorte qu’elles puissent s’habituer les unes aux autres. On aimerait pouvoir les mettre toutes dans un grand enclos. En peu de temps, elles se sont habituées aux autres poules et ne font même plus attention quand dix d’entre elles grattent le sol à leurs côtés.
Comme elles font maintenant partie de la famille, il a fallut leur trouver des noms. On a toujours cherché des noms ensemble, et cette fois, on s’est mis d’accord pour leur donner les noms de membres de la famille royale belge – ces poules seront nos plus grosses pondeuses, elles méritent donc du respect. On les a appelées Louise, Elizabeth et Mathilde. Elles n’ont plus peur et à ce stade elles ont commencé à manger directement dans nos mains. On s’adresse à elles calmement, ce qui permet de ne pas les stresser. Elles commencent à reconnaître nos voix et à les associer à la nourriture. En plus des légumes, on leur donne des restes de nos repas, comme du riz ou des pâtes (qu’elles aiment beaucoup). Elles continuent à nous pondre deux œufs par jour !
Deuxième mois
Ce fut enfin le moment de déplacer l’Eglu dans le verger, la cour de récré de nos poules. On a ouvert la porte du poulailler… Les poules sont restées à l’intérieur, mais notre faverolles, gourmande comme elle est, a voulu tester leur nourriture et s’est frayée un chemin dans l’enclos. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, les trois poules l’ont attaquée ! Mes enfants étaient choqués, ils ne s’y attendaient pas du tout. Ça ne m’a pas trop inquiétée car je sais que ça finira par s’arranger et qu’elles sont suffisamment en bonne santé pour pouvoir se défendre. Il suffit de leur laisser quelques jours pour s’habituer les unes aux autres.
Elles ont fini par mettre le nez dehors pour explorer le verger. Elles restaient groupées toutes les trois et les autres poules n’allaient pas à leur rencontre. Mais le plus dur les attendait : elles allaient devoir dormir dans le grand poulailler avec leurs futures congénères. Une fois la nuit tombée, on les a sorties de leur Eglu pour les mettre sur un perchoir du grand poulailler. Mieux vaut faire ça quand il fait nuit noire pour éviter qu’elles ne se battent. Cela permet également aux poules de toutes avoir la même odeur au petit matin. On a laissé la porte automatique fermée pendant deux jours, ce qui leur a permis d’établir la hiérarchie, l’ordre dans lequel elles se nourrissent et de s’habituer à leur nouvel environnement.
La transition s’est très bien passé, mais elles ne laissent pas les coqs s’approcher d’elles ! D’ailleurs elles sont largement prioritaires sur lui pour la nourriture. Au bout de deux jours, on a rouvert la porte et fait sortir tout ce petit monde dehors. Les trois poulettes étaient un peu hésitantes au début mais elles ont fini par sortir du poulailler pour voir ce que leurs nouvelles amies faisaient. Le seul problème avec nos trois nouvelles poules est qu’elles aiment bien rester dehors tard, après que la porte automatique ne se soit fermée. Mon mari a pris une lampe-torche pour aller les chercher et les rentrer dans le poulailler avec les autres, mais on ne va pas faire comme ça toutes les nuits… On part en vacances bientôt et on aimerait bien qu’elles rentrent dedans d’elles-mêmes. Au lieu de les mettre dans le poulailler, on a fini par simplement ouvrir la porte quand elles voulaient rentrer. Au bout de quelques jours, elles ont fini par entrer dans le poulailler avant que la porte ne se referme. On peut donc partir en vacances sans se faire de soucis !
J’ai remarqué que depuis qu’elles ont décidé de dormir dans le poulailler, elles ont vraiment trouvé leur place au sein du groupe. Elles dorment même sur les perchoirs les plus hauts. On a aussi constaté qu’elles pondent moins qu’avant – on ne ramasse plus qu’un œuf par jour, ce qui est étonnant car on entend clairement deux poules glousser. La plus jeune de nos filles a décidé de les surveiller de près. Après avoir passé une demi-journée dans le verger, elle a pu fièrement nous annoncer qu’elle avait trouvé l’endroit où l’une d’entre elles pondait ses œufs. Elle avait un nid top secret, un vrai trésor de pirate qui contenait sept œufs ! Après avoir retiré les œufs et les branches qui constituait le nid, la poule qui l’utilisait a fini par pondre ses œufs dans le poulailler.
Trois mois plus tard
Avec mon mari, on a pris des vacances séparées pour pouvoir surveiller les poules et ramasser les œufs. On a toujours un peu peur quand on rentre chez nous car il y a un renard qui rôde dans les parages. Mais elles sont toujours là ! On a un abreuvoir automatique, elles ont plein de nourriture et avec toutes les prunes, les pêches et les pommes qui tombent des arbres, leur alimentation est très variée ! Rien de tel que des poules heureuses et un seau rempli d’œufs frais. Toutes nos poules peuvent maintenant se balader à leur guise dans le jardin quand on est chez nous. Nos trois poules de réforme sont devenues les plus aventureuses. Les autres poules n’avaient jamais prêté attention au tas de compost mais elles, elles l’ont déjà repéré et le retournent de temps en temps. Ce sont les seules poules qui entrent dans la cuisine. Quand on prend nos repas dehors, l’une d’entre elles saute même parfois sur la table… Elles savent bien nous divertir !
On est à la fois rassuré et fier que ces poules se soient si bien faites à une vie normale. L’été ne fut pas une partie de plaisir pour nos animaux… Il a fait très chaud et il n’a presque pas plu, ce qui d’habitude les aide à rester au frais. Mais grâce aux soins méticuleux et à l’attention qu’on leur a apportés, elles s’en sont bien sorties.
Les trois poulettes ont maintenant fière allure et font indiscutablement partie de la famille. Elles sont très bien apprivoisées et sont toujours les premières à venir vers nous pour se faire chérir et qu’on les prenne dans nos bras. Leur curiosité est incroyable, tout comme leur passion pour les lacets colorés… Elles ont arrêté de pondre pour focaliser leur énergie sur la mue. On leur donne des muffins pleins de protéines pour les aider dans le processus.
Dans quelques semaines, elles auront un beau plumage reluisant. La seule chose qui pourra nous faire dire qu’il s’agissait de poules de réforme sera leur bec raccourci !
Si vous voulez adopter des poules de réforme, n’hésitez pas à contacter des associations près de chez vous. Vous pouvez par exemple contacter Les Poules Heureuses ou Poules Pour Tous suivant votre région. Ces associations sont souvent à but non-lucratif et luttent pour la survie de poules qui ne méritent pas un si triste destin.
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